En janvier, après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Casher, je n'ai rien publié ici. J'ai essayé, et finalement je ne l'ai jamais fait. Je ne savais pas quoi dire, en fait je me sentais tellement abasourdie que je n'arrivais pas à réaliser que tout cela s'était vraiment passé, pourtant le lendemain des attentats je prenais le train pour un déplacement professionnel et les gares étaient remplies de militaires armés jusqu'aux dents. J'ai vraiment réalisé ce que tout ça signifiait quand j'ai entendu la fille de Wolinski parler de lui au passé, dire qu'elle ne le reverrait plus jamais. Ce qui s'était passé ce jour là, c'est que pour certaines personnes, un père, ou une voisine, on un ami, était parti travailler comme tous les matins, et n'était pas rentré le soir car il ou elle avait été fusillé par des types paumés recrutés par une organisation terroriste. Absurde et abominable.
J'avais aussi ressenti un certain manque de légitimité à parler de ces événements. Sur les réseaux sociaux, tout le monde se faisait le défenseur de la liberté d'expression du jour au lendemain, sans avoir jamais pensé jusqu'à présent à tous ceux qui mourraient et meurent encore chaque jour dans le monde pour exprimer leurs idées, et je dois avouer que ça m'agaçait un peu. Sans parler de cette frontière entre liberté d'expression et insulte ou propos haineux, que je ne savais pas (et que je ne sais toujours pas) où situer. Tous ces gens qui disaient "je suis Charlie" sans jamais avoir ouvert le moindre Charlie Hebdo, et surtout tous ceux qui se sont rués sur le numéro paru au lendemain des attentats pour l'exhiber comme un trophée m'énervaient franchement. Tout comme ceux qui clamaient haut et fort ne pas être Charlie pour des raisons que je trouvais plus ou moins valables. J'étais d'accord et pas d'accord avec tout et son contraire. Bref, j'étais perdue dans ma tête. Ce qui résumait le mieux mon état d'esprit, c'était cet article de Diglee.
Le lendemain, j'ai passé une partie de la matinée dans un état apathique, ou bien à pleurer. De rage, de dégoût, de tristesse, d'incompréhension, d'impuissance et de peur. On a beau dire qu'il ne faut pas se laisser envahir par la crainte, car cela ferait le jeu des terroristes, je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur. Mais je ne céderai pas. J'étais à Paris jeudi 12 novembre, sans me douter une seule seconde de ce qui pourrait s'y dérouler le lendemain, et j'en frissonne rien que d'y penser. Je dois y retourner le 20, et je mentirais si je disais que je me sens complètement sereine à cette idée, mais j'irai, c'est certain.
Plus les heures passent, plus mon esprit se noie dans l'incrédulité et la tristesse au fur et à mesure que les médias égrènent le nombre de victimes, et que leurs visages commencent à apparaître sur les réseaux sociaux, les rendant de plus en plus réelles. J'évite Facebook car je n'en peux déjà plus de voir tous ces articles relatant l'horreur vécue par les témoins de ces attentats. Certains diront que je fais l'autruche, ils auront peut-être raison, je préfère me dire que je m'épargne une dose de souffrance que je ne peux pas supporter. Les scènes de fusillades dans les séries que j'ai regardées samedi soir, bien que fictionnelles, ont suffi à me nouer l'estomac. Dans quelques temps, tous ces sentiments se seront totalement dilués dans le tourbillon de la vie et je reprendrai ma routine, mais je n'oublierai pas. Nous n'oublierons pas, même si nous ne serons jamais aussi marqués que les proches des victimes et ceux qui ont assisté aux massacres. Les images du 11 septembre sont gravées dans mon esprit depuis 14 ans déjà, celles de vendredi le seront aussi. La vie continue, il paraît que c'est notre victoire sur les terroristes. La mémoire, la résistance, et la vie.
Toutes mes pensées vont aux proches des blessés et victimes d'actes terroristes, à Paris et partout dans le monde.
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