mardi 3 octobre 2017

{#jecoudsmagarderobecapsule2017} Septembre : la presque-chemise

J'avoue : j'ai triché. Non seulement parce que je devais réaliser une chemise en septembre, et non pas une deuxième robe (mais c'est une robe-chemise, alors ça compte aussi, non? Franchement, j'ai suffisamment galéré sur le col pour pouvoir la faire rentrer dans la catégorie chemise!), mais aussi parce que j'ai en réalité cousu cette pièce au début de mois d'août, sur un coup de tête, et dans l'urgence la plus totale (on y reviendra). Mais j'aime tellement cette cousette que je ne pouvais absolument pas attendre l'année prochaine pour la montrer par ici, même si je suis déjà à la limite du météorologiquement correct avec une tenue pareille en octobre! De toute façon, je vous le disais début septembre, n'ai pas eu le temps de coudre une chemise comme je l'avais prévu ce mois-ci, étant sans cesse en vadrouille le weekend. En plus de ça je n'avais pas trouvé de tissu comme je voulais, et puis quoi qu'il en soit, les chemises et moi, on est pas super copines. C'est vraiment une pièce que j'ai du mal à porter, car je n'arrive jamais à trouver de coupe qui me convient : sur les modèles ajustés, soit ça tombe au niveau des épaules, soit ça tire sur la poitrine. J'ai peur d'essayer des couples droites et un peu plus amples, par crainte de ressembler à un sac à patates tout droit sorti des années 80. Je ne sais jamais combien de boutons fermer, j'aime l'effet "preppy" d'une chemise boutonnée jusqu'en haut mais je me sens alors complètement coincée dans mon vêtement, comme à chaque fois que je porte une encolure à raz du cou. Je n'arrive pas à gérer la superposition avec un pull ou un gilet (est-ce que je dois mettre le col par dessus? Rentrer la chemise dans mon pantalon ou la laisser dépasser?), ni le port d'une montre et de bracelets (est-ce que je dois les glisser dessus ou dessous les poignets de la chemise? Ou bien les entasser en bout de bras, entre ma main et la fin de la manche? Ou encore ouvrir un bouton pour les laisser circuler? Retrousser le bout des manches?) (Notez que j'ai le même problème avec toutes les manches qui se resserrent au niveau du poignet, alors que c'est pourtant un style que je trouve très joli...). Bref, vous l'avez compris, les chemises, c'est pas mon truc.





Alors certes, ce projet capsule de septembre, c'était peut-être l'occasion de me réconcilier avec ce vêtement, mais bon, j'ai raté le coche. Par contre, puisqu'on parle de réconciliation, c'est grâce à cette robe que j'ai retrouvé le chemin de la machine à coudre. Après mes galères avec mon pantalon Safran cet hiver, et le retard qui s'accumulait petit à petit sur mes projets, j'avoue avoir un peu perdu la motivation. Je cousais peu, sans grand entrain, tout juste motivée par le fait que j'avais une to-do list (qui m'enthousiasmait pourtant beaucoup sur le papier!). Et puis en mars dernier, Named a sorti sa collection de patrons printemps-été. Plusieurs silhouettes m'ont alors tapé dans l'oeil, et en particulier la robe Reeta. Je trouve généralement cette marque trop pointue et minimaliste à mon goût, mais là, ce fut le coup de coeur. En même temps, entre sa longueur midi et sa silhouette à mi chemin entre la saharienne et le kimono, et ce superbe tissu fleuri sur la version de présentation, ce modèle avait tout pour me faire craquer. Mais voilà, je m'étais promis de m'en tenir à ma liste et de ne pas y ajouter de projet qui me ferait acheter du tissu et/ou un nouveau patron, alors j'ai tenu Reeta à distance de mes pensées.






Et puis un jour, mon regard se pose sur un des tissus de mon stock, un coupon bleu à motifs fleuris, dont l'harmonie de couleur me fait vibrer à chaque fois que je le vois. C'est un des premiers coupons que j'ai achetés quand j'ai eu ma machine, et je ne sais par quel miracle, j'ai réussi à lui épargner de finir dans une robe beaucoup trop apprêtée que je n'aurais jamais portée. D'un coup, ça a fait tilt dans mon cerveau : "Ce tissu ferait une magnifique Reeta!". La coupe épurée du modèle contrebalançait parfaitement le côté chargé de l'imprimé, et la légèreté et le drapé de l'étoffe étaient parfaits pour ce genre de projet. Oui, mais non, Nina. Pense à ta to-do list! Tu n'as PAS besoin d'une énième robe fleurie! Les mois passent, et ma Reeta fantasmée resurgit de temps en temps dans un coin de ma tête, elle paraît si lumineuse à côté de tous ces autres projets couture que je n'arrive pas à terminer, mais je résiste encore et toujours. Jusqu'à cet été, où je commence à réfléchir à la tenue que je pourrais porter au mariage auquel je suis invitée. Je n'arrête pas de me dire que cette fameuse Reeta est la candidate parfaite pour moi, qui ai tant de mal avec les tenues formelles. M'habiller pour un évènement de ce genre est très compliqué pour moi : je me sens affreusement coincée dans une tenue chic et sobre, et j'ai alors bizarrement l'impression d'en faire des caisses. Je suis beaucoup plus à l'aise dans des tenues un peu bohèmes, mais je me sens alors en total décalage avec le reste de l'assemblée, et je finis par me sentir négligée. #bienvenuedansmatête.



Mais cette Reeta imaginaire, elle avait tout pour elle : je la trouvais à la fois assez "hippie-fleurie" pour être à l'aise, tout en étant suffisamment classe pour ne pas non plus avoir l'impression de débarquer à un mariage habillée comme si je revenais de Woodstock. Et pourtant, je n'arrêtais pas de me répéter que je ne manquais pas de robes, et que j'en trouverais forcément une qui conviendrait dans celles que j'avais déjà sans avoir besoin de m'en faire une nouvelle, tandis que dans le même temps, mon fantasme de Reeta éclipsait tout le reste de ma penderie. Je suis longtemps restée plongée au coeur de ce dilemme, et puis, à 5 jours du mariage, alors que je contemplais pour la n-ième fois l'idée de ma Reeta fleurie, Named annonce des soldes spéciales anniversaire sur tous leur patrons. Si ça, c'est pas un signe de l'univers, je ne sais pas ce que c'est! J'ai donc immédiatement acheté le patron tant convoité (et uniquement celui-ci, totalement obsédée par mon idée, et après coup je me suis dit que j'avais été stupide de ne pas en profiter pour prendre les autres modèles qui me plaisaient...), et je le faisais imprimer sur une traceuse le soir même. Je peux vous assurer que quand on voit la taille finale du truc (pas loin de 2m de long!!!), je suis bien heureuse que cette option soit proposée, car si j'avais du découper et scotcher toutes les parties du patron, je n'aurais probablement pas fini ma robe dans les temps, et je me serais même probablement découragée avant d'avoir commencé à coudre! Le lendemain, j'avais décalqué mon patron, découpé et entoilé mon tissu, et je démarrais le montage le surlendemain. Un vrai marathon couture comme j'en ai rarement vécu, je ne pouvais pas lâcher ma machine, et j'étais concentrée au maximum pour ne pas faire d'erreur. A quelques minutes du départ, je finissais de poser la coulisse de la ceinture (mon chéri, qui n'avait alors pas compris que je voulais porter cette robe au mariage, a dû me haïr, à me voir coudre alors qu'il était en train de préparer nos affaires pour le weekend!), et j'emportais avec moi mes boutons et du fil à coudre, ainsi qu'une des robes de ma penderie en guise de plan B, au cas où ma Reeta ne m'irait pas du premier coup, sur les conseils très avisés de chéri. Moi j'étais tellement à fond dans mon truc, tellement heureuse d'avoir fini à temps et tellement satisfaite du résultat que je n'imaginais même pas porter autre chose! J'ai posé les boutons le matin même du mariage, j'ai fébrilement enfilé ma création, noué la ceinture à la taille, et je me suis regardée dans le miroir. C'était parfait. La robe de mes rêves, telle que je l'imaginais depuis si longtemps. Je me sentais totalement moi-même dedans, confiante comme je l'ai rarement été dans une tenue pour un événement formel, et là, je me suis dit : "voilà pourquoi je couds!". J'avais enfin retrouvé mon modjo couture!




Il serait tout de même faux de prétendre que je n'ai eu aucun doute pendant la réalisation de cette robe. Avant de poser la coulisse pour la ceinture, j'avais l'impression de coudre une chemise de nuit pour grand-mère, car la robe est très large et très droite quand on la porte non ceinturée. J'ai eu des doutes sur le thermocollant à utiliser, j'avais peur d'avoir un effet trop "cartonné" avec celui que j'avais choisi, mais heureusement ça n'a pas été le cas. Je craignais aussi de me retrouver avec une robe trop grand pour moi, étant donné que le patron est prévu pour une stature d'1m72 et que je mesure 10 cm de moins. Et en effet, je me retrouve avec une robe longue qui m'arrive aux chevilles plutôt qu'à mi-mollets, mais ça ne me dérange absolument pas, bien au contraire! Pour la même raison, je me suis aussi demandé si la coulisse de ceinture tomberait un bon endroit, déjà que j'ai souvent des soucis à ce niveau-là à cause de ma taille haute (c'est d'ailleurs pour cela que chéri avait judicieusement suggéré que je prévoie une robe plan B, au cas où), mais non, c'était parfait. J'ai d'ailleurs trouvé ça plutôt surprenant, j'ignore si je me suis plantée en positionnant la ceinture, ou si elle est placée assez haut exprès, donc si vous tentez ce patron, vérifiez éventuellement ce point.





A part ça, il n'y a que deux vraies difficultés sur ce modèle : la première est de gérer une grande longueur de tissu (et de papier de soie pour le décalquage, je peux vous dire que cette fois j'ai bien compris pourquoi certaines préfèrent découper directement leur patron! J'ai pas mal hésité à le faire, d'autant que j'ai le format PDF et donc la possibilité de le réimprimer si besoin, mais j'avoue que même malgré ça, j'avais des scrupules à couper dans mes 2m de papier fraîchement imprimés. Et puis vous connaissez ma propension à couper les cheveux en 4, pourquoi faire simple alors que je peux me prendre la tête à batailler avec mon papier de soie, hein?... Bref...). Je peux vous dire que j'étais bien contente d'avoir mon mannequin pour former les ourlets! La seconde difficulté, c'est le montage du col et de la doublure du dos. D'une part parce qu'il faut d'abord bien comprendre la technique, qui n'est pas intuitive bien que très bien pensée, et d'autre part parce que c'est une étape délicate pendant laquelle il faut bien maintenir toutes les pièces en place et faire attention à ne pas faire de faux plis. Le fait que le col soit thermocollé ne m'a pas facilité la tâche, car j'ai eu du mal à l'étirer un peu pour bien faire correspondre les crans. J'ai dû m'y prendre en plusieurs fois, décousant les parties que j'avais un peu ratées, pour finalement arriver à un résultat acceptable. Il reste encore un petit pli ici ou là, mais ils sont cachés sous le col. Heureusement, une fois cette étape passé, tout le reste se fait sans difficulté particulière, les instructions sont très claires tout au long de la réalisation. La seule modification que j'ai apporté, c'est de ne pas m'encombrer à faire des boutonnières, car j'avais lu sur cet article de What Katie Sews que la robe pouvait s'enfiler facilement par la tête sans avoir besoin d'ouvrir les boutons. J'ai donc cousu ces derniers à travers les deux pans de la robe, et ça fonctionne très bien ainsi.



En conclusion, c'est une robe que j'ai adoré réaliser et que j'adore porter, aussi bien au quotidien que pour une occasion spéciale. J'aime beaucoup sa légèreté, ses fentes sur le côté et son ouverture sur le devant. Le col tombe bien, les manches ont une aisance très confortable, le décolleté est pile à la bonne profondeur et la ceinture se pose parfaitement sur ma ligne de taille, sa longueur est nickel, bref, la coupe est absolument parfaite. Je me sens vraiment moi-même dans cette tenue, j'ai l'impression de porter un kimono en plus moderne. A ce jour, je pense que c'est ma réalisation préférée, et j'espère que le tissu supportera bien le passage du temps car je compte bien porter cette robe pendant plusieurs années!


Patron : Reeta - Named
Niveau : intermédiaire
Techniques requises : pose de col
Remarques sur le patron : patron très bien expliqué (en anglais), avec des schémas de montage clairs, et un tableau de mesures du vêtement fini (très utile pour choisir sa taille). Le patron existe en version papier ou PDF, avec la possibilité d'imprimer ce dernier chez soi sur plusieurs feuilles A4, ou en un seul morceau sur une traceuse. Les différentes pièces de patron ne se superposent pas, donc il est possible de les découper directement si on le souhaite.
Taille : 36, basé sur ma mesure de tour de poitrine. Le modèle étant assez ample, je n'ai pas eu besoin de le grader au niveau de la taille (qui est ajustable avec la ceinture) ou des hanches
Fournitures : 2m50 à 3m de coton fleuri de chez Toto Tissus (je ne me souviens plus des dimensions exactes de mon coupon, mais le patron demande 2m70 en 150cm de laize) +  8 boutons + thermocollant + lien pour la ceinture 
Modifications apportées : pas de vraies boutonnières : les boutons sont cousus à travers les deux pans de la robe, et je l'enfile en la glissant par la tête.
Difficultés rencontrées : le montage du col, pris entre le haut du dos et sa doublure, est l'étape la plus délicate à comprendre et à réaliser, j'ai du le faire en plusieurs fois car je formais des faux plis par endroits. Grande longueur de tissu à manipuler.

Cohérence avec ma garde robe : 10/10, une robe pile dans mon style!
Confort : 10/10, rien à dire, elle est légère et confortable
Seyant : 10/10, elle tombe parfaitement sur moi. Comme je mesure 10cm de moins que la stature prévue par la créatrice, je me retrouve avec une robe longue plutôt que midi, mais j'aime beaucoup cette longueur aux chevilles.
Qualité : 9.5/10, quelques petits faux plis au niveau du col, qui sont heureusement cachés par ce dernier

A refaire ? : OUI! J'ai dû me retenir pour ne pas transformer la moitié de mon stock en Reeta haha! J'ai un tissu jaune à gros motifs fleuris qui rendrait très bien avec ce patron, mais j'attendrai l'été prochain pour me lancer car je songe maintenant à des projets un peu plus en raccord avec la saison ;)

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