Acheter des légumes locaux à toujours été quelque chose d'important pour moi. Depuis que je suis étudiante et donc que j'ai commencé à faire mes propres courses, j'ai toujours cherché à favoriser les maraîchers autour de moi et je crois avoir testé à peu près tous les systèmes qui existent. Je me souviens encore de ces dimanches où je prenais le bus, depuis ma résidence universitaire paumée dans la banlieue grenobloise, pour aller sur une petite place du centre ville où se tenait un marché de producteurs. J'adorais y aller, acheter des légumes non calibrés qui me rappelaient ceux que ma grand-mère nous donnait (d'ailleurs j'aimais particulièrement me fournir auprès de papis et mamies avec un stand minuscule, tant ils me rappelaient mes propres grands-parents, avec leurs mains ridées aux ongles noircis de terre), à tel point que parfois je m'emballais, et une fois rentrée, je me demandais comment j'allais pouvoir manger tout ce que j'avais ramené. Mais finalement, comme j'emportais parfois ma gamelle pour le midi, je n'ai jamais eu à jeter quoi que ce soit (enfin sauf la fois où j'ai fait un raté culinaire monumental que je vous raconte ici...).
En deuxième année d'études, je me suis mise en coloc avec une amie et nous nous sommes inscrites à une AMAP qui livrait sur le campus. On était 3 à partager un panier, que je récupérais tous les lundis soirs avant mon cours de japonais, où j'arrivais systématiquement en retard et avec un cabas d'où dépassaient poireaux et salades. Ma prof me demandait toujours quels légumes j'avais eus et j'ai appris bon nombre de noms japonais à cette occasion ! C'est à cette époque que j'ai vraiment appris à cuisiner les légumes, étant donné que les paniers des AMAP, c'est toujours un peu la loterie. Je crois bien que mon amour avec le kimchi, et par extension avec la cuisine coréenne, a débuté à cette époque-là, puisqu'il a bien fallu que je fasse quelque chose des choux chinois que je découvrais alors.
Lors de mon semestre Erasmus en Allemagne, j'allais aussi faire le marché (du coup je suis assez calée en noms de fruits et légumes dans la langue de Gœthe également !), et idem de retour en France lors de mes premières années de boulot. Plus tard, j'ai testé le système de cueillette, où les légumes étaient à un prix ridiculement bas (le kilo de haricots verts ou plats était à 3€ si je me souviens bien, il n'était donc pas rare qu'on en engloutisse 2 kilos à deux par semaine !).
En arrivant à Mulhouse, je me suis à nouveau inscrite dans une AMAP et j'ai mangé des kilos de chou, comme en témoignent mes articles de 2018 ! J'ai malheureusement dû interrompre mon inscription pour plusieurs raisons et j'avoue que ça me manque parfois un peu. J'ai fait quelques fois le marché mais comme il est à l'autre bout de la ville par rapport à chez moi, ce n'est pas très pratique... Heureusement, un petit producteur local a installé un stand devant la gare, qui est à même pas 10 minutes à pieds de mon appart, avec un système de paniers qu'on peut commander en connaissant le contenu et avec possibilité d'échanger certains produits, et aussi de la vente libre de légumes, fruits, champignons et conserves maison. Bref, le rêve !
Sauf qu'avec le confinement, il a arrêté de venir, et aujourd'hui il ne peut malheureusement plus assurer ce service car la demande dépassait sa capacité de production... Je me suis donc tournée vers un système que je n'avais presque jamais expérimenté jusqu'à présent : La Ruche qui Dit Oui ! Je dois avouer que ce n'est pas ma solution préférée car les producteurs ne touchent pas l'intégralité du prix de vente des produits (ce qui les rend assez chers en fin de compte, puisqu'il faut y ajouter 20% de frais de fonctionnement), et ils doivent déclarer un minimum de vente et si celui-ci n'est pas atteint, toutes les commandes sont annulées. Cela ne leur garantit donc pas un revenu stable, contrairement aux AMAP qui voient leurs clients s'engager pour 1 an (mais qui sont malheureusement en déclin car on leur reproche parfois leur manque de flexibilité). Cependant la Ruche de Mulhouse est très dynamique et les producteurs sont assurés d'avoir des commandes régulières, au point que certains ont même été débordés pendant le premier confinement !
Bref, tout ça pour vous montrer qu'il existe de nombreuses solutions pour soutenir vos producteurs locaux (il y a aussi les ventes en direct dans les fermes !), ce qui me semble particulièrement important en ce moment, plutôt que d'enrichir encore plus les géants de la grande distribution ! Place à la recette maintenant : je l'ai réalisée dans le cadre d'un petit concours organisé par la Ruche, justement, sur le thème des courges. Je me suis inspirée d'une de mes précédentes recettes, ma focaccia au potimarron et pesto, mais en version tarte flambée et en remplaçant le basilic par du persil pour une version 100% de saison. Faire une flammekueche végane n'est pas bien compliqué, il suffit d'utiliser du yaourt de soja pour la base et on peut y mettre à peu près tout ce qu'on veut par dessus : lardons de tofu fumé, champignons, oignons, fromage végétal, noix, etc. Le seul bémol, c'est que le yaourt de soja est moins gras et contient plus d'eau que la crème animale, et a donc tendance à s'évaporer à la cuisson, ce qui donne une tarte assez sèche. La parade que jai trouvée pour remédier a ce problème est de faire précuire la pâte, et de rajouter du gras dans le yaourt, mais je pense que vous pouvez également faire dégorger un peu ce dernier dans une étamine afin d'obtenir quelque chose de plus dense. Quant au pesto de persil, il vous restera du rab que vous pourrez utiliser comme du pesto classique dans des pâtes, salades de céréales, etc.
Tarte flambée au potimarron et champignons, pesto de persil {végétalien}
Pour le pesto :
- les feuilles d'un bouquet de persil plat
- 30 g de noisettes ou de noix décortiquées
- 1 gousse d'ail pelée et dégermée
- 10 cl d'huile d'olive
- 1 bonne pincée de gros sel
Pour la tarte flambée :
- 1 fond de tarte (j'utilise la recette de La Cuisine de Bernard)
- 4 cs de yaourt de soja
- 1 cs d'huile qui supporte la chaleur (j'utilise de l'huile de tournesol spéciale cuisson)
- sel, poivre, noix de muscade au goût
- 50 g de potimarron
- 75 g de champignons au choix (ici des girolles)
- 1 petit oignon
- 1 cs de vin blanc (optionnel)
- huile végétale pour cuisson
- sel
Préchauffer le four à 210°C avec une plaque de cuisson à l'intérieur.
Découper le potimarron en tranches de 2 à 3 mm, badigeonner légèrement chaque tranche d'huile et mettre dans le four en train de préchauffer le temps de préparer les autres ingrédients.
Preparer le pesto : mixer tous les ingrédients ensemble. Réserver. Le reste de pesto se conserve plusieurs jours dans un bocal au frais.
Nettoyer les champignons et couper en morceaux s'ils sont gros. Faire revenir à feu vif dans un peu d'huile végétale avec une pincée de sel jusqu'à ce qu'ils rendent leur eau. Réserver.
Émincer l'oignon en lamelles. Faire dorer dans un peu d'huile à feu vif. Quand l'oignon commence à colorer, déglacer avec le vin blanc et réserver.
Retirer le potimarron du four.
Étaler le fond de tarte sur un tapis de cuisson. Enfourner à blanc pendant 5 minutes.
Pendant ce temps, mélanger le yaourt avec 1 cs d'huile, assaisonner de sel, poivre et noix de muscade au goût.
Retirer le fond de tarte du four. Répartir le yaourt sur le fond de tarte, puis disposer les oignons, les champignons et le potimarron par dessus. Enfourner pour 10 minutes supplémentaires.
Garnir la tarte de pesto de persil et servir.